Il est très présent sur mon blog parce qu'il est souvent à l'initiative de nos sorties, vous savez celui qui m'a fait découvrir sa "passion des cailloux"...

Il est jeune et vient de la rivière, et pourtant il s'éclate en kayak de mer, Nicolas Daviau nous explique pourquoi.

Quelles sont les pratiques du kayak de mer que tu affectionnes ?

Tout d'abord j'avais des a priori sur le kayak de mer. En fait, plus je pratique, plus je rencontre des kayakistes "rando, balade avec maman", mais aussi d'autres qui sont prêts à en découdre avec les éléments. Finalement, je suis un peu des deux.

Le Kmer est un super outil multifonction, il regroupe toutes les disciplines du kayak.

  • J'aime son côté canoë pour le bivouac,
  • J'aime son côté slalom entre les cailloux,
  • J'aime beaucoup son côté surf dans les vagues de courant ou de houle,
  • J'aime son côté course en ligne pour la vitesse,
  • J'aime son côté descente pour le manier à la gîte et pour l'endurance,
  • J'aime son côté marin que l'on ne retrouve pas dans les autres disciplines.

Surf à Berder Surf à Berder - Golfe du Morbihan - oct 2010

J'essaye de faire un peu de tout dans chaque sortie. J'apprécie la pratique ludique du kayak de mer et les possibilités d'avoir de bonnes sensations comme en rivière ne manquent pas.

Rester surfer dans la barre d'Etel jusqu'à épuisement, j'adore ça. Par contre faire une traversée sans mer, ou la distance pour la distance ne m'attirent absolument pas.

Je prends chaque sortie pour un "entraînement/jeu", aussi je ne cherche pas à éviter totalement les difficultés sans pour autant me mettre en danger, si je le sens j'y vais ! J'essaye des trucs que j'ai vus à droite à gauche, j'observe les bons kayakistes.

Côte Emeraude Côte Emeraude - mai 2010

A quel âge as-tu commencé et quel est ton parcours ?

La découverte de la rivière
J'ai commencé le kayak dans l'endroit où il y a le moins d'eau en France ! Dans la campagne beauceronne. A 13 ans, je me suis inscrit à un stage d'été proposé au club de Bonneval (CKCB). Puis un second stage en eau calme, puis 4 jours à Beaugency pour appréhender l'eau vive sous les arches du pont. J'ai adoré ! J'ai aussi apprécié l'ambiance kayak (les potes, camping, moniteur essayant d'être sérieux, camion pourri, t shirt puant la rivière). A la rentrée, on s'est tous inscrits au club !

L'eau plate
Pendant 8 ans au CKCB, j'ai fait un peu de compète (slalom, descente) pour faire comme les autres, beaucoup d'entraînements sur l'eau plate, mais ça n'était pas mon truc.

Les copains
Ce que j'aimais, c'était faire le con avec mes potes, partir en weekend rivière sur le Chalaux, faire du camping sauvage, s'arroser, faire "A l'abordage!" en canoë, les combats de joute, attendre les crues hivernales, faire un petit tour de canoë avec les filles, faire un petit tour de canoë tout seul en observant la nature.

La haute rivière
Plus tard j'ai acheté un kayak et l'équipement pour me mettre à la haute rivière classe IV-V. J'ai navigué un peu dans les Vosges et j'ai découvert le forum de kayak "eaux vives", j'y ai fait des rencontres et découvert plein de rivières.
J'ai constaté aussi que je n'avais pas le niveau technique pour la classe IV-V. J'ai pris contact avec le club d'Orsay sur le net et je suis parti avec eux en Suisse, puis dans les Alpes. Ces vieux loups de la rivière m'ont appris à naviguer et à me promener dans du IV-IV+. Je leur ai dit « hey les papy's : je veux envoyer du GROS! » « A ouais gamin, tu veux envoyer du gros ! » Résultat : Combes Chauves (vallée du Guil dans les hautes alpes) V-VI, j'ai tout porté !

A 18 ans, j'ai acheté mon premier kayak que j'ai revendu l'année dernière. Je l'ai trimbalé partout ! Je naviguais souvent seul sur les spots de freestyle ou dans les vagues en mer.

Surf à Berder 2 Surf à Berder - Golfe du Morbihan - oct 2010 (photo Yves Philippe)

Comment as-tu découvert le kayak de mer ?

J'ai découvert le kmer lors d'un weekend organisé par le BE (Brevet d'Etat) du club de Bonneval. Il avait rencontré un type lors d'une formation BE. On avait 17 ans, nous voilà partis pour l'île de Batz.

Rencontre avec la Bretagne
Arrivés sur place à 10h, le cliché : au bar, des bretons au demi. On a rencontré ensuite le "fameux type", une marmule avec des mains énormes ! On le regardait charger son kayak avec des fusées ; il avait prévu d'attaquer un sous-marin ? une pagaie coupée en deux ; bizarre… Il nous dit : ça va souffler ! ils ont prévu du 5-6 et demain du 7-8, ça va aller ? Notre BE : ouais c'est bon, ils savent eskimoter ! …Les kayaks pèsent trois tonnes ! ... les vagues sont énormes !!! j'ai à moitié le mal de mer... il nous a baladé 1h30 avant d'arriver sur l'île, on n'y voyait rien, à l'arrivée on était cuits !... Le lendemain, rebelote ! Le type nous dit qu'il a mis 20 min pour revenir ce matin, on hallucine totalement ! On se balade, il surfe des vagues énormes en faisant coucou au chauffeur des navettes, ça avait l'air sympa.

En fait, je l’ai retrouvé dix ans plus tard dans le cadre professionnel. Je l'ai tout de suite reconnu, je lui ai rafraîchi la mémoire sur notre aventure, il me demande si je navigue toujours, je lui dit : oui je viens d'arriver sur Vannes. C'est bien ! moi je suis du coin aussi.
En fait, il s'agissait de Jean Marc Terrade.

Ton expérience en encadrement ?

La Bretagne sud
Je suis encadrant au club de Vannes (CKCV - Canoë Kayak Club de Vannes ), où je suis arrivé il y a 3 ans, assez surpris d'avoir un bon bagage technique, qu'il a fallu quand même adapter au kmer. Par contre, je suis un novice du milieu marin. J'ai rencontré Benoît Labbé, on s'est bien complétés. Je lui ai appris quelques techniques de kayak dans le courant et il m'a appris à devenir marin. En un hiver de sorties en duo, on a bien progressé !

Cimetière bateaux - Boëd Cimetière à bateaux - Boëd - Golfe du Morbihan - juillet 2010

Le kayak c'est du compagnonnage, j'ai toujours plus ou moins aidé les débutants et les plus forts m'ont formé en me donnant deux/trois conseils bien précieux que j'aurais mis des plombes à trouver. Pour ça, les clubs c'est bien. J'ai beaucoup appris des kayakistes confirmés du CKCV, Jérôme Le Ray et Philippe Le Tohic.

A la découverte de la "north face"
Aujourd'hui, j'ai 29 ans, je viens de déménager dans le Finistère nord, je cherche des kayakistes qui partagent la même vision de la pratique du kmer. On s'auto-encadre !

Où navigues-tu ?

En Bretagne pour le kayak de mer, et dans les Alpes et ailleurs pour la rivière. Je suis toujours prêt à découvrir un nouveau coin à condition que ça rigole.

Le kayak surf
Je fais aussi du kayak surf mais uniquement lorsque les conditions de vagues sont excellentes. Je débute dans cette discipline mais on progresse très vite quand on a déjà surfé des vagues en kayak de rivière. Le kayak surf reste malgré tout très accessible au kayakiste à condition qu'il sache eskimoter.

Il faut aussi bien choisir son kayak surf car s'il est trop technique cela peut vous dégoûter de cette discipline, les conseils de Thierry Fun Kayak m'ont été précieux. Il faut dire qu'on se prend de sacrées roustes !! Quand la vague est trop grosse, je ferme les yeux, je me penche en avant en position d'eskimotage et j'attends que ça se passe. Je m'amuse beaucoup en kayak surf, vitesse et sensations garanties !

Quel sont tes kayaks ?

Pour la mer un Aquanaut Low volume de Valley, et mon kayak surf est un Maverick de Méga.

Celui que tu aimerais avoir, ou tester ?

Pour la mer le même en carbone ou tester les Tiderace ou Rockpool. Mais j'aime bien mon kayak, je me sens bien dedans.

Quels sont les personnes, lieux ou moments de navigation qui t'ont marqués ?

Belle-île, la première fois que j'y suis allé, passes à cailloux avec Jérôme, et la deuxième, ensemble en juillet dernier.

La barre d'Etel, le phare d'Ar Men, notre mésaventure dans la faille au sud des Poulains à Belle-île (passe à cailloux dans laquelle nous avons eu deux bains et failli perdre un kayak. Fallait pas s'engager à deux ! Passe à cailloux : chacun son tour !)

Ar Men A la conquête d'Armen, tant qu'il est encore debout...

A ton avis, pourquoi les jeunes ne s'intéressent pas au kayak de mer ? Et comment y remédier ?

Si les jeunes ne s'intéressent pas au kayak de mer, c'est parce qu'on ne leur montre pas l'aspect ludique et fun du kayak de mer (surf, passe à cailloux...). Ils ne voient peut-être que la "rando, balade, pépère".

Les kayaks dans les clubs ne sont peut être pas adaptés à leur gabarit. Il faut aussi les faire accrocher au kayak de mer et ce n'est pas en faisant des sorties adultes, interdites au jeunes, qu'ils vont se sentir acceptés et imaginer que le programme de navigation va leur convenir.

Il y a aussi un problème de responsabilité et de diplôme à avoir pour les encadrer. Ce n'est pas un problème insoluble, c'est juste une question de volonté, certains y arrivent très bien. Je pense à cette classe de 3è qui fait du kayak de mer en cours de sport.

Quel est ton domaine professionnel ?

Je travaille dans l'environnement, je suis animateur Natura 2000. Ce travail consiste notamment à réaliser, sur un territoire déterminé, un plan de gestion avec les communes, les associations de défense de usagers ou de protection de l'environnement, et les services de l'état. Le but est de fixer des orientations pour la préservation de la biodiversité. C'est du développement durable.

Phare de Sein Réveil dans la brume... phare de Sein - sept 2010

Dans mon milieu professionnel, j'ai aussi constaté que le kayak bénéficie d'une mauvaise image (bivouac, dérangement des oiseaux marins), mais ce n'est rien comparé à d'autres usagers motorisés.

Il y a surtout un manque de communication et d'explication sur notre pratique de la mer. J'explique simplement que la pratique du kayak de mer nécessite de vraiment aimer la nature pour randonner plusieurs heures et apprécier le bivouac.

Un manque de communication
Nous pouvons aussi être amenés à naviguer dans des secteurs interdits sans le savoir. L'information existe mais elle n'est pas à la portée des usagers. J'ai proposé que l'on travaille sur une cartographie régionale assez fine sur les sites de nidification afin que les usagers de la mer (zodiac, voile et kayak) puissent intégrer cette donnée pour le choix des pauses et des bivouacs en période de nidification (de mars à juillet). A suivre...

Le kayak m'apporte beaucoup dans mon travail, et mon travail enrichit ma pratique du kayak.

Le kayak te laisse-t-il la place à d'autres passions ?

Non pas vraiment, mais avec le kayak j'arrive à tout combiner : rando, jeu, vivre au grand air.

Aujourd'hui quels lieux aurais-tu envie de découvrir ? tes projets ou envies ?

A court terme, je vais continuer à découvrir les côtes bretonnes, faire des bivouacs tout l'hiver.

Héaux de Bréhat Héaux de Bréhat - nov 2010

J'irais bien faire un petit périple en Corse, côté mer au printemps, et voyager (Ecosse, Irlande).

Mais pour l'instant, je n'ai pas encore fait le tour de la Bretagne.

Contact : Nicolas Daviau : nicolas_daviau2002@yahoo.fr